TheOtherWay

-There's no other way-

Mercredi 25 janvier 2017 à 20:40

     Nous sommes sortis de la salle et les pulsations nous ont suivis, la musique perdant de ses trebles à mesure que nous nous éloignons des kilos de sons. Nos oreilles sont comme emplies d'ouate, bien que le concert n'ai commencé que depuis quelques heures. La ligne de basse typique de la Trance (DA-gadaga-DA-dagada-DA) s'entends encore distinctement dehors, dans le coin fumeur. Le pote en tête de file, perçant la foule de fumeurs, aperçoit quelqu'un de notre groupe sur un carré de béton en surplomb, et entreprend de gravir la pente de terre humide nous séparant de lui. L'ami que nous rejoignons a déjà roulé un pétard, ce qui ne m'empêche pas en m'installant de sortir tout mon matos pour rouler également. Nous sommes 5 assis, puis d'autres amis nous rejoignent, et s'assoient. Nous discutons de la qualité de la MD que nous avons chopé sur le parking (tout à fait acceptable), du concert (tout à fait vénérable) et de tout, et de rien (tout à fait normable). Je décroche de la conversation quelques minutes, me perds dans le vague.
Lorsque je reviens, j'attrape quelques paroles au vol.

"J'ai toujours cru qu'il était l'ami de tout le monde. Vous avez bien vu, dès que je le ramenais quelque part, c'était comme s'il se mettait tout le monde dans la poche. Je pensais qu'il se construisait des amitiés facilement, avec tout le monde. Mais j'ai réalisé qu'en fait, pour tout ces gens, il était mon ami, et pas forcément le leur. Quand on a eu la nouvelle, tout le monde est venu voir comment moi j'allais, alors que je m'attendais à ce qu'eux aillent mal. J'ai dû prendre une semaine de congé et inviter tout le monde au cabanon, toute la semaine. ça a été salvateur pour tout le monde je crois."

Je repense alors, forcément, à cet été lorsque j'ai traversé une bonne partie du pays, en joie, pour aller célébrer la veille de la Fête Nationale avec un groupe d'amis dont la basse fréquence de mes visites n'a jamais altéré l'intensité des sentiments que l'on se partage. En le voyant absent, j'avais demandé quel cas de force majeur l'a forcé à décliner l'invitation. On m'avait répondu qu'il déprimait depuis quelques temps, et que même cette bande de potes, soudés et aimants, avait de plus en plus de mal à le dérider. J'avais eu alors l'envie impulsive de me rendre chez lui pour l'attraper par les épaules et le secouer, en mode "EH BEN ALORS MON GROS? VIENS PRENDRE TA RACE AVEC NOUS!"
Mais je ne l'ai pas fait, me disant que là où des amis les plus proches échouent, je risquais d'empirer la situation.

A ce moment, j'ai fini de rouler le joint et entreprend donc de l'allumer en tirant une énorme barre dessus. Je ravale mes larmes, et mon envie de me jeter sur mon pote en pleurant comme une fillette. A la place, je ne fais qu'établir un contact physique en lui touchant l'épaule et en balaçant quelque phrase vide en espérant qu'il puisse sentir toutes les ondes que le lui envoie.
Je fais tourner le joint, et nous retournons doucement nos coller les oreilles au mur de son qui crache son infatigable refrain, nous pénétrant tous. Nous coupant de tout besoin de parler, nous permettant de nous contenter de se lancer des larges sourires lorsque nos regards se croisent dans la brume. Je me sépare du groupe, avance encore vers le son, et ferme les yeux.

Et je repense alors, forcément, à ce coup de fil que mon ami m'a passé à la fin de l'été, alors que j'étais dans le tram en train d'admirer le premier orage se former, tard pour la saison. Je ne sais plus de quoi nous avons parlé, jusqu'à ce qu'il me lâche l'info, en retard de quelques semaines au vu de la difficulté de la nouvelle. 
"Il s'est foutu en l'air.
-...
-Tu te rappelles de lui?
-Bien sûr que je me rappelle de lui."

Mardi 26 mai 2015 à 0:43

J'aligne des mots, peut-être que ça changera tout.

ça faisait longtemps, que je n'avais pas rêvassé que mon train déraille, que l'aile de mon avion se décroche comme dans Fight Club. Tu te dis que ce serait l'échappatoire facile, à tout tes problèmes, à tout les problèmes. Que le néant de la non-existence, l'absence de vie, d'influx électriques entre tes neurones étalés sur le bitume serait mieux que cette bouillie en forme de pelote  bleue-noire qui s'enroule autour de tout tes organes.
Et puis Monsieur Pragmatique arrive, et te souffles "au premier petit boulon qui tressaute, tu vas te chier dessus. Si le réacteur se met à fumer, l'avion à piquer, tu serai prêt à donner tout ce que tu as pour ne pas mourir aujourd'hui. Hell, t'irais même jusqu'à prier, juste au cas où, don't you? Allé, accroches-toi à tes couilles petit animal"

Je ne sais même plus quoi écrire. L'odeur de ta salive sur mes lèvres me rappelle le contact de ta langue sur la mienne, mon coeur qui s'emballe au même moment, et la sensation que toutes les zones de mon cerveau se mettent à clignoter frénétiquement. Puis cela me renvois au sac de noeud qu'était mon estomac alors que tout mes sens étaient en éveil, se demandant si j'allais entendre tes pas sur le graviers, dans une attente fébrile même si j'ai toujours su qu'elle était vaine.

Les choses ne sont pas si compliquées. On crée la complication à partir des codes qui nous ont été inculqués, mais j'ai cru que ces stupides usages ne s'appliquaient pas à nous. J'ai cru qu'on pourrait être ensemble, même si l'on n'est plus ensemble. J'ai cru que l'on pouvait être l'exception que l'on s'est avoué être. Je ne sais toujours pas si ton odeur, ton corps contre le mien, tes lèvres dans mon cou ont arrêté ou démarré mon cerveau.

Choisir c'est choisir c'est choisir c'est choisir c'est choisir c'est "choisir c'est renoncer pour toujours, pour jamais, à tout le reste et la quantité nombreuse de ce reste demeurait préférable à n'importe quelle unité."

Jeudi 30 avril 2015 à 23:03

Fait: Tout ce que tu dis, fais, es, disparaît(ra). Il n'y aura personne pour se rappeler de toi, aussi simple que tu ne connais rien à propos de ton propre arrière-grand-père (prouves-moi le contraire et résumes moi sa vie en utilisant la phrase que ton père t'as sorti quand tu lui as demandé, wah impressionnant).

J'ai toujours eu peur de saisir la majorité des opportunités qui trainent autour de moi. Je suis le genre de gars à qui il faut tout confirmer. Celui qui te jettes un regard et attends que tu acquiesces avant de reprendre du rab de fromage. Parce que je ne comprend pas ces codes, que tout le monde semble voir. Ou alors j'ai une vague idée de pourquoi nous les voyons et les suivont aveuglément, et j'ai toujours eu des problèmes avec les règles.

Qu'est ce qui te motives à me parler là, juste maintenant? Pourquoi t'as eu ce réflexe de suivre des yeux ce mec/chien/oiseau qui vient de passer à côté? Pourquoi, comment as-tu choisis le sujet que tu m'exposes maintenant? Est-ce que tu attends que je participes, ou tu veux juste profiter des endorphines qui t'inondent quand tu parles de toi? Est-ce que ma propre envie de prendre la parole est due à ce phénomène? Est-on en train d'avoir une relation sociale stable? Te sens-tu étrangement gêné comme moi lorsque nous nous regardons dans les yeux plus longtemps que les 4 secondes réglementaires? Les gens autour de nous veulent-ils participer à cette conversation, ou peut-être attendent-ils inconsciemment que je dise quelque chose pour que la conversation soit considérée terminée et qu'ils puissent prendre la parole? Suis-je le seul à penser tout ça? Toi, dont je viens de croiser le regard, tu semble comprendre ce que je pense, penses-tu la même chose? Un sourire gêné est la seule réponse que j'aurai dans tout les cas. Si j'essaie de décrire ce que j'essaie de penser à haute voix, vous allez tous faire semblant de ne pas comprendre. Mais je sais très bien que vous l'avez, au fond. Vous vous voilez la face depuis si longtemps que cela vous semble impossible que je puisse, que tout le monde puisse, avoir ce moment présent t=0, où tes projets ne veulent plus rien dire (projets = plans pour le futur lointain, plans pour le repas de demain, plan pour ce soir, "j'ai soif-je lève le bras-je ferme mon poing sur la bouteille-je pivote mon poignet pour l'ouvrir...) où ton passé et tes expériences ne changent rien à ta perception, cette unité de temps vide qui nous gouverne tous, durant laquelle nous prenons l'ensemble de nos décisions conscientes et inconscientes. Regardes-moi, tu  le sais que ça n'a aucun sens, qu'on a aucune raison d'avoir cette discussion à présent. Qu'on a aucune raison valable de faire quoi que ce soit, jusqu'à vivre et mourir. On suit des règles pré-établies par des mecs aussi paumés que nous, et on donne à ces règles une valeur plus que sacrée. Les lois, la science, la religion, autant d'inventions humaines, utilisées pour décrire/contrôler le microscopique iota d'information que notre organisme primitif peut appréhender, dans un nombre de dimensions ridicule. Techniquement, le temps s'arrête pour l'éternité  entre chaque secondes, et cela ne change rien. Techniquement, une distance infinie de néant, regroupant tout ce qu'on appelle "univers", se glisse entre chaque atome de notre précieuse matière, et nous n'avons aucune arme pour appréhender cela. Tout nos organes, tout notre être, toute notre "substance" ha ha, cette façon que l'on a de voir le monde, tout cela n'est pas achevé, nous sommes en cours d'évolution. Mais attention, "pas achevé" pourrait laisser croire qu'on tend vers quelque chose de Parfait. Noon nonon, et ne me parlez pas de hasard non plus. C'est là que ça devient fucked up. La vie est cette probabilité=0,0000000000-et-je-suis-gentil-00000000001 que les molécules aient cette façon d'interagir, la probabilité encore plus faible qu'elles s'arrangent en auto-réplicateurs stables, puis en unités fonctionnelles se définissant un milieu intérieur en s'entourant de gras, etc, etc, mais au cours de millions d'années, ce qui a une probabilité d'arriver fini par arriver, autrement on serait pas là pour en parler, right? Mais bon, c'est bien beau de parler de la soupe primitive dont on ne verra jamais la couleur, mais il faut percuter que ce même phénomène arrive. Je veux dire maintenant. Non, maintenant. Consctruction/déconstruction. Survie du stable. Désintégration du désordre. 
A quel moment, A QUEL MOMENT, QUI, QUOI, comment as-t-on pris le pas sur la physique? Interaction particulaires, atomiques, moléculaires, le "hasard" est là, mais la stabilité prévaut. Le temps crée, le temps annihile, le stable reste. Puis viennent les organelles. Des guerres, pendant des millénaires, entre des créations toutes semblables, une couche de gras autour d'un réplicateur faisant tourner une usine chimique, et pourtant toutes uniques, dans une variabilité dont on peine à imaginer une fraction. Là encore, on peut penser que la physique, par les interactions, a promu la survie du stable. Puis viennent les cellules... Oh merde, c'est ça tu crois? C'était aussi simple que ça en fait? La cellule, en se divisant, donne des clones d'elle même, encore et encore, les mêmes réplicateurs se passent la main, et dans cette guerre au substrat, où chacun phagocyte son voisin, les réplicateurs donnant le plus de copies d'eux-même sont, encore une fois physiquement, favorisés. Mais le moment où tout bascule est juste là. Quand deux réplicateurs finissent par fusionner, et génèrent une descendance différente des deux parents. Est-ce ce moment là, est-ce la clef rendant le hasard supérieur à la stabilité? Autrement dit, le sexe a-t-il permit à la matière de sortir de son état inerte? Est-ce que cette particulière interaction... 
"And you, what do you think?
-Uhh..."
Tiens tiens, tu viendrai pas de manquer encore une occasion de faire partie du groupe? Ils vont encore penser que t'en a rien à glander et du coup te parler moins, ce qui va faire que tu vas penser plus, donc que tu aura l'air d'en avoir rien à glander, etc.

Comment penser à tout ça en continuant à être mon petit humain de moi? Comment garder ma personnalité quand tu as un aperçu de ce que ce mot veut vraiment dire? Surviehabitudeéducationgénétiqueenvironnementphysiquephysiquphysique. Suis-je mis en branle par les interactions protéines-protéines à la surface des membranes de mes cellules? Ma conscience réside-t-elle dans les échanges entre les cellules possédant mon ADN et celles, beaucoup plus nombreuses, qui vivent dans mon enveloppe corporelle sans partager mon pool génétique? A quel point peut-on considérer qu'une entité appelée "moi" existe, dans la mesure où elle disparaît et se régénère sans cesse durant ce moment t=0? Une instabilité électrique, physique ou chimique peut détruire purement et simplement tout ce que vous considérez être vous. Un électro-choc, un coup de marteau, un médicament et vous voilà guérit/un légume. "Moi" est donc changeant dépendamment de l'environnement. Ok. Cela veux dire que vous seriez quelqu'un d'autre à ce moment si vous aviez mangé une autre viande à midi. Si une certaine particule se serait trouvée en quantité différente dans l'air que vous respirez. Le milieu extérieur vous réinvente en continu. Nous sommes une cascades de molécules qui s'imbriquent, 

MAIS SINON CA VA


Lundi 6 avril 2015 à 2:34

           Accoudé sur la barrière de la terrasse sur le toit, je regarde les avions rouler doucement comme des jouets immenses dans la brume. Il fait froid, je sens que tu es stressée car tu ne veux pas louper ton vol (et parce que j'ai manqué quelque chose). Mais je voudrais rester encore. Je voudrais que tu loupes ce vol, qu'on aille juste s'allonger et que tu poses ta tête sur mon épaule. Je finis par te suivre à l'intérieur. Pas le temps de prendre un dernier repas, je t'accompagne jusqu'au panneau interdisant l'accès aux personnes n'ayant pas de billet. J'ai manqué quelque chose. Je te serre dans mes bras, fort, je te sens me serrer aussi fort, et j'ai le coeur qui chavire. Il ne faut pas que je lâche prise, tu ne peux pas partir tout de suite, je dois savoir ce que j'ai manqué. C'était plus que bon, vivre en guidant ses choix par rapport à l'autre, ne pas avoir à penser carrière, vie sociale, vie en général, le lien entre ces "vies", les impacts que chacune de nos décisions peuvent avoir à tout les niveaux de notre existence, pendant que cette même existence est un élément clé de notre processus de prise de décision (ce qui fait de notre personnalité un serpent qui se mord la queue), de la façon dont on s'imagine suivre nos envies alors que nous ne sommes que poussés par notre instinct, de comment définir un "soi" entre ces envies, que l'on se fixe en fonction de ce qu'on pense être notre personnalité, et ces instincts, découlant d'une guerre millénaire et inutile pour la survie du meilleur réplicateur, de la molécule à l'organisme. Tout cela laisse place à un sentiment probablement généré comme une récompense, façon "tu es avec une personne du sexe opposé qui semble t'apprécier, c'est dans ton intérêt de continuer comme ça", ce qui à l'air d'une interprétation de l'instinct sexuel primaire de base adapté aux normes sociales de la grande tribu d'animaux tarés que nous sommes. Cette récompense devient tout ce qui importe, et tu deviens cette récompense, ce qui revient à dire "te rendre heureuse me rend heureux" en langage Darwin. Mais je sens que je manque encore quelque chose.
Finalement notre étreinte se desserre doucement, tu fais un pas en arrière, prend tes sacs, on se dit "salut" et je te regarde t'éloigner, un malaise s'installant en moi. Cela ne vas pas du tout, j'ai vraiment manqué quelque chose. Après que tu aies fait 20 mètres, j'ai une impulsion, un élan en avant, porté pendant une seconde par l'envie immense de te crier que je t'aime une dernière fois, de courir vers toi pour t'embrasser une dernière fois, ou juste d'attirer ton attention pour voir le sourire que tu me destines quand je fais quelque chose que tu considères mignon, une dernière fois. Cet élan en avant me fais soulever un pied, dans un début de pas. Entre ce moment et celui où mon pied se pose, je me dit que tu es déjà loin, que je t'ai déjà assez retardée pour ton avion, que je risque de te faire stresser encore plus de le louper et donc que ce serait égoïste puisque ça m'apporterait plus de bonheur qu'à toi. Je pose mon pied par terre et me fige, réalisant ce que j'ai manqué. Et tu ne t'es pas retournée après ce moment.                                                                                

Vendredi 1er avril 2011 à 15:24

Je suis réveillé, mais je garde les yeux fermés. Inutile de bouger n'importe quel muscle, tout est silencieux autour de moi. Le canapé sur lequel je suis a craqué toute la nuit, mais moins que le lit de camp du mec à côté. Et les deux autres types sur le clic-clac n'ont qu'une couverture pour deux, qui renverse des bières vides chaque fois qu'ils se battent pour l'avoir. Mais pour l'instant, tout le monde comate de la soirée de la veille à part moi qui essaie de refluer mon mal de crane. A l'étage du dessus, je ne sais pas trop combien de personnes dorment et je m'en tape, je ne suis pas chez moi.

La sonnette m'a tiré du sommeil dans lequel j'étais en train de replonger. Je m'assois au bord du canapé et me frotte les yeux en attendant que le proprio descende. Il ne descend pas, et ça sonne à nouveau. C'est sûrement des mecs qui se sont endormis dehors et qui reviennent maintenant. Il est 10h et quelques, je prend une bière sur la table et vais ouvrir la porte. Avant que je l'atteigne, j'entends du bruit dans l'escalier et vois le proprio arriver en caleçon, avec des cernes à la mesure de notre soirée. Il me salue en se grattant les couilles et va ouvrir la porte. Puis il la referme aussitôt et me regarde avec des yeux dans lesquels il n'y a plus aucune fatigue mais une peur panique.

"Famille qui revient trop tôt?
-Flics!
-Mais ouvre cette porte alors!!"

Bon ok là ça se gâte. Il ouvre la porte et après les salutations un peu crispées des condés ils nous expliquent que suite au tapage nocturne et aux destructions dans le quartier, le voisinage a porté une douzaine de plaintes contre nous. Ils sont rentrés dans la maison et ont investis toutes les pièces. Sans fouiller, mais en regardant, au cas où ils retrouveraient un nain de jardin qu'on a apparemment dégradés. Plusieurs potes ont frôlés la crise cardiaque en voyant un flic dans leur chambre le matin au réveil.

Lorsque la brigade s'est retrouvée dans l'entrée, tout les habitants de la maison étaient debouts, plus ou moins habillés, plus ou moins réveillés, plus ou moins choqués. Les flics n'ont rien trouvé, mais leur chef fait son malin.

"Et ces chaussures pleines de boue, c'est à qui?
-Ben celles là c'est à moi, et euh, celle là c'est à Julien j'crois et euh...
-Nan c'est les rouges celles de Juju, celles là c'est les miennes
-Ah désolé, et euh...
-BREF, elles sont à vous?
-Bah oui
-Et pourquoi elles sont pleines de terre?
-Y'a un jardin derrière, y'a plu hier après-midi et c'est quelque chose d'assez courant la terre! Regardez on voit les empreintes dans le jardin.
-Pour moi c'est plutôt la preuve que vous êtes sortis de la maison hier soir pour aller faire vos vandales dans le voisinage. Embarquez ça comme preuve, et tout ceux qui veulent récupérer leurs chaussures doivent venir au commissariat.
-Sans chaussures? Mais comment on fait?
-Soyez imaginatifs! De la part de types qui ont montés une moto sur un camion je m'attends à mieux. A tout à l'heure au poste!"

Et ils se sont barrés avec nos chaussures. C'est là qu'on s'est tous regardés en fronçant les sourcils.

"Mais euh... vous avez mi une moto sur un camion?
-Ben nan
-Et moi non plus
-On s'est fait niqués alors?
-Y'a personne qu'est passé hier? Et personne n'a rien vu?"

On a mené notre enquête, mais entre le vrai bordel qu'on a foutu et les mecs encore pétés de la veille qui croient qu'on cherche nos chaussures... Alors on a pris un petit dej' en déversant toutes les insultes qu'on pouvait, on a enfilés des chaussons prêtés par l'hôte et on est allés au commissariat. Sans se changer, parce que quitte à être en chaussons autant être à l'aise.
Sur le chemin, entre charentaises et peignoir, un pote s'est approché de moi et me sort deux bédos de sa poche.

"Mec on va au commissariat t'es au courant?
-Ben ouaip, j'en avais pris un pour la route et en fait j'en avais un autre dans la poche.
-Et tu vas en faire quoi?
-Ben un pour la route et un pour les keufs!
-Hein? Pour leur donner?
-Mais nan, on va le fumer chez eux, et si on se fais choper tant pis, on a rien sur nous!"

Bon, eh bien un premier pour la route. Arrivés à destination et après une heure d'attente à se faire reluquer par tout le monde dans la base ennemie, on laisse les nanas et les syndiqués parler pour nous au guichet, et on s'éclipse discrètement vers un local à poubelle pour cramer le deuxième joint. Lorsqu'on retourne dans le hall, nos chaussures nous attendent. Ils ont rien pu prouver, les empreintes sur les lieux des faits sont dégueulasse, et y'a au moins trois paires de converses dans leur lot, quasiment de la même taille.

Du coup, on est rentrés avec nos chaussures aux pieds et nos chaussons à la main après que les poulets nous aient dit de "faire attention parce que c'est pas terminé cette affaire les jeunes, vous pouvez me croire". On a jetés les chaussons dans leur placard, certaines personnes veulent partir et d'autres rester. Je me renseigne et trouve un chauffeur qui peux m'emmener à la gare de la ville d'à côté mais le lendemain, après une autre soirée ici. Comment refuser ça?


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