TheOtherWay

-There's no other way-

Mercredi 30 décembre 2009 à 14:34

Douleur. Douleurdouleurdouleur. Sous mon crâne ça vrille, sonne, résonne. Enfle, fond, implose. Bref, ça fait mal. Je réussi tout de même à ouvrir les yeux. La lumière est heureusement peu présente. Les stores sont baissés, je suis dans un lit et les couvertures ont l'air d'avoir fait une révolution. Des fringues à ma taille sont éparpillées au sol. Ce sont sûrement les miennes. Attends. Sûrement? J'en suis pas sur? Il y a un portefeuille dans la poche arrière. La photo sur la carte d'identité est la mienne, mais le nom ne me dit rien. Sinon, il ne contient pas d'argent. J'attend un flash-back. Un flash tout court. Je vais me passer un coup d'eau sur la gueule et interroge mon reflet. Pas de flash. Bon, j'enfile les sappes en essayant de ne pas trop baisser la tête pour ne pas empirer Pearl Harbor sous mon crâne. Je sors et la porte de la chambre me dit "217". C'est donc un hôtel. Super déduction, mais qui ne m'apporte aucun moyen de paiement. Je descend quand même.

"Bonjour, euh... Je n'ai pas de... Vous acceptez les crédits?
-Vous avez payé d'avance, monsieur.
-Oh... Excellent, excellent."

Pas le moindre petit flash à la vue du gérant. Pas de panique surtout, ça va s'arranger. Je sors et harcèle les piétons pour trouver la rue indiquée sur la carte en espérant être dans la bonne ville. Une bonne heure de marche plus tard, je fini par trouver. L'air extérieur à atténué le chaos derrière ma tronche mais m'a donné faim, même si mon estomac me hurle de ne pas ingérer quoique ce soit. Derrière cette adresse se cache un immeuble minable. La porte d'en bas est carrément ouverte. J'entre, et trouve "mon" nom sur une boîte aux lettres, accolé à un autre. Je monte tout de même à l'étage indiqué. Trouve la bonne porte. Je la fixe en réflechissant, mais toujours pas de flash, pas même une malheureuse étincelle. J'espère que des réponses se cachent derrière ce panneau de bois. Je sonne. Une voix hurle à travers les murs.

"Me dis pas que t'as encore paumé tes clefs?!"

Sans répondre, je ressonne. La porte s'ouvre finalement sur un mec qui m'observe avec un air interrogateur. Son visage m'est presque familier, sans réussir à mettre de nom ou de souvenirs dessus. Je prend finalement mon courage à deux mains.

"Bonjour monsieur, euh je..."

Je m'interromps devant ses yeux qui annoncent un sourire. Qui arrive, puis se transforme en rire. Il est plié en deux, limite à se frapper les genoux façon bande dessinée. C'est qui ce taré!? Il se redresse finalement, essuie une larme de rire sans essuyer son sourire, puis m'assène:

"Eh bien, pour une cuite, c'est une cuite!"

... FLASH!


Samedi 12 décembre 2009 à 2:09

J'ai l'impression de m'endormir et me réveiller une centaine de fois par jour. Débriefing, mise au point, réglages, focus, sauvegarder/charger la partie. Bon, j'en étais à où là? Dois-je sourire dois-je pleurer? Pourquoi? Heureux, malheureux? Un Darwin force 10 fait sans cesse évoluer les constantes. Ok, ça je m'en rappelle, ça c'était un rêve, dommage. Quel jour on est? Les paupières lourdes, les yeux qui piquent mais les battements de mon coeur. Mais un ploc-ploc pas chez moi. Mais l'estomac à l'envers. Bon. Corde en métal sous les doigts, écouteurs dans oreilles, tube cathodique/oeil.Tic-tac. Plic-ploc. Bo-bom.
"Hey ça va?" J'sais pas t'en pense quoi toi? Comment vais-je? Un mot en quatre lettres qui finit par "ien"? Euh... Rien? "Je vais rien, et toi?" Bonjour? Non? N'est réel que ce que l'on voit. L'australie n'existe pas. Le reste du corps de cette fille dont je ne vois que le reflet d'une paire d'iris noisette existe-il? Bonjour mademoiselle, êtes-vous réelle? Pourquoi ce regard, je vous demande juste si vous avez le courage d'exister. Non je ne suis pas fou. Je ne suis pas. Quelle année?
L'être humain croit croire en des valeurs morales. Le concept même est aberrant, de par sa subjectivité pure. L'être humain est naïf, surtout quand il est plusieur. L'être humain est une belle merde. Que fait ce pull suspendu à cet arbre super haut? Pourquoi Jet? C'est quoi ce bruit? Un rire. Le mien! Au milieu d'une rue vide de vide, une dame avec un yorkshire me prend pour un fou. Je regarde son chien et me marre de plus belle. Qui est le fou? L'homme perdu qui rit devant l'absurde ou la vieille dame avec son organisme vivant miniature, con, inutile, moche, bruyant et bouffeur de thune? Elle croit vraiment que les animaux aiment. Donc amour = habitude, refuge, bouffe, ignorance du monde extérieur, pour les animaux. L'être humain en est un, évidemment. On est pas des champignons et même si certains d'entre nous res/Pourquoi ce couple expose son bonheur stupide devant ma gueule? Fils de pute/semblent à des légumes, on est pas des végétaux.
Bonjour, ça va? Tenez, mon billet falsifié. Merci mademoiselle. Pourquoi de bonne humeur? Pourquoi boulot sérieux, chaque gare annoncée au milieu de pleins de sourires? Aurevoir. Charmant postérieur, si je puis me permettre. Puis-je vous faire une suggestion de présentation, comme sur les paquets de corn-flakes? Trop de vêtements, trop de distance, va falloir réduire tout ça drastiquement. Quel mois? Quoi? No-ël? L'anniv d'un juif entreprenant de deux-mille berge./I'm just trying to love you any king of way/I can change but who you want me to be/Sometimes I don't say the right thing to make you love me/Uh? Love-Change-Love. Tout est si facile en musique. Sonne juste-sonne faux.
"Mesdames et messieurs, Clerval!" On dirait qu'elle annonce son mariage. Je mangerai bien un peu de nourriture. Hop-hop-hop! Vous avez oublié de vous assoir sur moi après nous avoir épluchés mademoiselle. Je vous verrai bien en chemise de nuit blanche. Pas chemisedenuit blanche, plutôt chemise de nuitblanche. Bonjour. Si tu pouvais arrêter de taper dans mon siège, je pourrai arrêter de taper dans ta gueule. Merci monsieur, bonne soirée.
Et pourquoi pas Croque-moufles?

Dimanche 29 novembre 2009 à 15:01

Couchés par terre, manettes dans les mains. Le projecteur, tourné vers le plafond, nous expose deux personnages à taille pratiquement réelle qui se tapent sur la gueule au rythme de nos doigts sur les touches. La bouteille de sirop de cola traine à côté des gâteaux. Maintenant que j'ai seize ans j'ai le droit de dormir chez ce pote. Ce qui est plutôt sympa vu que ses parents, comme les miens,dorment quatre fois par semaine au boulot. Quelques fois il invite une ou deux autres personnes mais jamais plus. C'est considéré comme délit à plus de cinq.
La lueur orange des gyrophares commence son manège. Déjà vingt-deux heures. On baisse le son, puis on signale par téléphone notre présence là ou on avait programmé être. Une heure encore s'écoule, sans autre mots que "Niqué" "Ah merde" ou "enculéééééé!!".
Arrivés à 51 victoires contre 67, il se lève et me dit qu'il a quelque chose a me montrer. Je le suis, intrigué. On va dans sa chambre et il commence a fouiller dans une de ses cachettes, puis sort ce qu'il cherchait.

"Wah t'as eu ça où?
-Volée à mon père. Il les sort quelques fois, quand on a des invités pour se la péter. C'est un ami qui nous en ramène de suisse, il y bosse.
-Ton père va pas s'en rendre compte?
-ça te dit pas, un peu d'imprévu?
-Putain ouaip!"

On se met à la fenêtre et il allume son cylindre de tabac. Il tire quelques bouffées puis me le passe. Dès la deuxième latte que je ne crapote pas, je sens que je commence à tourner. C'est une sensation grisante.

"Je connais un type, majeur, dont les parents ont signés l'autorisation pour qu'il achète de la bière. Mais les miens ne me donneront jamais le droit de le voir.
-T'en a pas plein le cul? On aura bientôt une autorisation a faire signer pour respirer! Toujours tout programmer des semaines à l'avance, il ne se passe rien dans nos vies.
-Mais qu'est ce qu'on peut y faire?
-Viens, on bouge.
-Maintenant? T'es dingue! Et nos traceurs?
-On a juste a laisser nos portables ici.
-Pour aller où?
-Chez Manu, à deux rues d'ici.
-Si quelqu'un nous voit, on est mort. Et les patrouilles?
-Mais merde on les encule! Allez viens!
-Je te suis mais ça craint."

On est sorti de chez lui par la fenêtre, pour ne pas justifier l'ouverture de porte. A cette heure-ci, les vigiles d'entrée se transforment en patrouilles nocturnes. On a longés les murs d'une ville silencieuse et déserte à même pas minuit. C'est la première fois que je suis dehors la nuit. Malgré le stress, j'ai une curieuse sensation de sérénité en ressentant cette noirceur qui englobe les murs. Puis le cocktail bien connu de peur et d'excitation se met à couler dans mes veines. On a grimpé le portail et jeté des pierres à la fenêtre de Manu. Ses parents non plus ne sont pas là mais si on sonne ce sera signalé. On le voit qui ouvre la fenêtre et écarquille les yeux.

"Putain vous êtes complètement tarés! Montez vite!"

On a grimpé puis il a refermé en vitesse. Manu a du mal à s'en remettre. Maintenant qu'il nous a ouvert il est autant coupable que nous. Mais il finit par se calmer. Il a même sorti sa gratte alors qu'il est pas sensé en jouer en dehors des heures de répetitions. On a prit du café à ses parents pour compléter le tableau de l'illégalité, et on est repartis, trois ou quatres heures de rires, musique et discutions après. Saut par la fenêtre, saut par-dessus le portail, course effrenée en entendant une patrouille. On s'est planqué derrière un autre portail en attendant qu'ils passent, persuadés qu'ils nous avaient vu. On a finit par rentrer sans encombres, souffle court. En refermant la fenêtre on a eu un fou rire de soulagement et d'exaltation. Qui s'est vite stoppé en apercevant nos portables. Trois appels verts, deux jaunes, deux oranges et un rouge. La procédure habituelle. Lui quelque minutes avant moi. Nos regards se sont croisés. Il est devenu blanc comme une voiture de flic tandis que j'ai avalé de travers. On connait très bien la suite de la procédure, on nous la rappelle chaque jour à la télé.

"Combien de temps tu crois?"

La sonnette de la porte a répondu à la question dans la seconde.

Dimanche 18 octobre 2009 à 16:01

La ville m'envoie ses néons dans la gueule. Rendus flous par la vitesse à laquelle nous roulons et peut-être aussi par les substances courant dans mes veines. La tête posée sur la vitre, je check les cd du conducteur. Alive 2007 fera l'affaire. J'attrape la bouteille de vodka et en bois une rasade. Le conducteur en fais de même.
"C'est encore loin bordel?
-J'sais pas on est à la bourre, j'ai personne à suivre."
Super. Arpès avoir tourné comme des cons on retrouve enfin la trace des autres. Garés devant un club inconnu.
"Vous en avez mis du temps. Z'étiez pas trois?
-On a du l'abandonner. Il a pas supporté le before."
Dans le club, c'est prodigy qui nous accompagne. Je prend un premier TGV au bar. Qui en appelle un second. Le trajet bar-piste est plutôt flou. Mais les flash stroboscopiques m'emportent loin. Chaque mouvement est en harmonie, les gens ici sont tellement mieux qu'ailleur. Lorsque je me rend compte que je suis comme un con tout seul au milieu de la piste, je vois un de mes potes qui me fait signe. Je les rejoins à une table, ils ont achetés quelques bouteilles. Deux-cents euros! D'ailleurs, je ne sens plus mon portefeuille dans ma poche arrière. Je vois qu'ils rigolent en douce, un rail m'attend sur la table.
"Aller mec, t'es une tafiole? T'as pas de couilles c'est ça?"
Je me bouche une narine et inhale la poudre. Après quelques clignements d'oeil, les lumières du club se dotent de mouvement inédits. Je vois encore plus flou. Tout le monde rigole lorsque je m'affale dans un fauteuil. Ils vont danser, je ne bouge pas. Une fille arrive et commence à me dire des choses que je ne comprend pas. Je lui répond qu'on m'a déjà volé mon portefeuille, d'aller voir ailleurs. Elle me jette un regard courroucé et s'éloigne. Je me lève, titube jusqu'à la piste. Stroboscope! Je suis le maître du monde! J'attrape par les hanches une fille que je ne connais pas, qui danse devant moi. Elle se laisse faire. Mes potes retrouvent le sourire lorsque le mec de la nana qui a le cul dans mes mains rapplique.

Mon sang goutte dans le lavabo. Rejoint par mon repas. Et je ris. On me bouscule, j'empêche tout le monde de se laver les mains. Et je ris. Le videur vient me demander poliment de quitter les lieux s'il me plaît. Je lui assure que j'y vais, puis je vais jouer au flipper au milieu du dancefloor. Je bouscule. Je tripote. Stroboscope! Coup de boule!! Je vais peut-être aller prendre l'air finalement. Cet enfoiré à agrandit la plaie sur ma gueule. Je m'en préoccupe pas. Je vais m'écrouler à côté de la voiture. Je vomi. Quelques heures plus tard, mes potes me retrouvent, étalé, comateux, tremblant. Ils remettent mon portefeuille vide dans ma poche. Me jettent sur la banquette arrière. La lumière de la voiture déconne. Stroboscope!!!




Dimanche 11 octobre 2009 à 2:04

C'est pas l'affluence ce soir. Trois amis à une table ont bientôt fini leurs bières et vont pas tarder à lever l'ancre. Un habitué me redemande un muscadet. J'hésite, puis le ressert. Il fait déjà nuit noire depuis un moment. De moins en moins de personnes passent dans la rue piétonne. Sur le jukebox,  Eric Clapton finit Cocaïne. Un des trois mecs me fait signe qu'il ne compte pas remettre de musique. Je branche donc les enceintes du bar sur mon ordi et passe une compil Doors/Clash. Petit mélange détonant qui fait son effet. Je suis en train de rincer quelques verres lorsqu'un couple rentre. Ils donnent l'impression d'avoir cinquante ans de retard. Le mec a un imper noir, un chapeau et un étui à guitare. La fille porte court ses cheveux charbon et ses yeux observent les recoins du bar avant de se doter d'un petit air absent. L'impression qu'elle est totalement décalée. Elle porte le même étui que l'homme, en trois fois plus petit. La porte se referme derrière eux et le type entonne "come on baby light my fire" après avoir reconnu l'air. Ils vont s'assoir à une table. Je vais leur donner la carte, ils n'y jettent pas un regard. Un french cofee et un chocolat chaud! Je vais préparer les boissons en les matant du  coin de l'oeil. Je n'aime pas ça. Cette sensation qu'ils ont accès à quelque chose que je ne frôlerais jamais. Il lui glisse un mot à l'oreille, ça la fait rire. Merde, la tête qu'il fait! On dirait qu'il vient d'arriver au sommet du kilimanjaro. Je leur apporte leur commande, ils me remercient. Les trois potes à la table s'en vont. Leurs yeux glissent plus que nécessaire vers la fille mais le couple ne s'en formalise pas. Une fois dans la rue, les rire de ces types repeignent les murs. Je ressert un muscadet sans qu'on me l'ai demandé. Le type au chapeau roule deux clopes et en donne une à la fille, c'est alors que je les interpelle.

"Vous gênez pas pour fumer. Y'a un cendrier derrière vous sur le billard.
-Merci c'est sympa
-Pas de quoi."

Minuit et demi, on va pas aller se peler dehors pour une clope! Surtout avec personne que ça gêne à l'interieur. Elle sort une boîte d'allumette, il lui pique en rigolant et en craque une sur la table. Ils fument en finissant leurs tasses qui, elles, ne fument plus. Je me rend compte que l'habitué est parti sans payer. C'est juste çade plus sur son ardoise. Je lui lave son verre pendant que le type montre à la fille quelques titres sur mon jukebox. Elle sourit et hoche la tête. Lui fouille ses poches. Toutes ses poches. Elle le  regarde, l'air moqueur, puis rit gentillement. Lui joue l'étonné. Elle l'embrasse à la commissure des lèvres et me rapporte les tasses, vides. Il me sort un billet et quelques pièces. Il manque cinquantes centimes mais je fais mine de l'ignorer. Ils me remercient, attrapent leurs étui et s'en vont. Il lui passe le bras autour des épaules. La porte se referme sur ma solitude, mêlée à un autre sentiment, étrange. J'étouffe, ne comprend pas. Puis j'attrape mon telephone portable et l'observe un moment, coeur battant. J'y tape un numéro que je n'ai jamais osé appeller, ni même enregistrer. La suite de chiffre s'affiche comme un code, déverrouillant quelque chose. Il n'est jamais trop tard.

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