TheOtherWay

-There's no other way-

Jeudi 18 juin 2009 à 1:34

Je passe la cinquième. Les sirènes me poursuivent. Holy crap. Dans quoi je me suis foutu. Mon tee-shirt me colle à la peau, bien qu'il soit XL. Je remet la quatre et amorce un drift. La vitesse craque, je ne connait pas bien cette caisse. Une bagnole blanche à gyrophare déboule en face de moi, je prend au dernier moment la rue à gauche. Le cul de ma wago manque de s'encastrer dans un poteau, je réussi à me dégager.

Allez viens, qu'il disait. Je suis avec quelques potes, dans un squat, ça va être posé. Mon cul. La première chose que je vois c'est les malettes pleines de dope. Même les petits gangs peuvent s'en payer, ça ne coûte plus rien. Elle est trop coupée, et il y en a des tonnes sur le marché ici. Quelques biatchs font semblant d'être attirées par des caïds pour quelques dollars. Bienvenus au neuvième district.

J'arrache le caddie d'un SDF qui traversait, ça répend ses fringues partout au sol. Quant au type en question, il décolle et s'écrase sur le pare-brise d'un flic. Shitshitshitshit j'me fous dedans là.

Le début de soirée allait, ils jouaient à qui a la plus grosse en écoutant Dr Dre. J'ai senti la merde arriver quand ils ont commencé à jouer à qui a le plus gros. Puis ils ont voulu se prouver que leurs bites et leurs flingues marchaient. Six larbins sont partis en même temps que les putes que personne n'a eu le tact de payer. Ils sont revenus avec quatres mecs d'un gang du dixième. Et deux de leurs petites soeur. J'ai voulu décoller à ce moment là, mais mon pote bavait sans même avoir enlever sa seringue en métal de son bras. Sa clef de bagnole n'est plus dans sa poche et je ne sais plus par où on est passé pour venir. Je me suis alors juré d'arrêter les bangs à six heures de l'aprèm, pendant qu'un mec découpait les fringues d'une fille terrifiée. Mais merde elle a seize ans! Et si je ramène ma tronche je vais rejoindre les quatre latinos ligotés. Voir cette nana baillonée avec son string.

Je pénetre sur le périph en trombe, cogne une camionnette sur le côté et repart aussi sec. Le reste de la scène se poursuit dans ma tête.

Un type pénètre la fille par derrière, cogne son frère à la tête et repart aussi sec. Un autre mec se couche sur la deuxième fille, en lui tenant les bras. Un des latinos s'est alors détaché et s'est rué à l'aveuglette au milieu du bordel. La détonation énorme annonçant la balle qui lui a explosé le crâne me fait sursauter. Retourner à la réalité.

Et j'esquive de justesse un camion. J'aperçois deux voitures de flics qui essaient de me barrer la route. Je prends la bretelle par laquelle ils sont arrivés, puis je zigzague dans des petites rues paumées et dégueulasses. J'ai semé quatre voitures sur sept.

Avant que l'écho de la détonation se soit tu, j'étais déjà dehors. C'est écrit dodge sur la clef que j'ai dans la main. Je l'essai sur les voitures présentes, tandis que les gyrophares font leurs entrée au loin. Fucking pigs. Une portière s'ouvre au moment où la permière voiture de condés déboule au coin de la rue. Je monte et m'aplatis sur le siège. Dix voitures s'arrêtent en crissant devant la maison. Vingt flics en sortent, dix entrent dans la maison. Les coups de feu giclent, le sang explose. Je met le contact et me casse, quelques poulets me suivent.

Au moment où je pense les avoir semés, un projo m'éblouit. Hélico de mes couilles! J'suis foutu. J'accelère. Un keuf me percute en sortant d'une rue perpandiculaire à la mienne. Je fait un 360, un pneu explose, je pars en tonneau. Je ne sais pas combien de fois je tourne. Une fois immobilisé, sur le dos, cinq bagnoles avec gyrophares m'entourent. Je sors en rampant par la fenêtre.
"I want to see your hands, show your fucking hands !" Je titube, m'appuie contre la voiture. Ce qui ouvre une entaille sur tout la largeur de ma main. Je glisse, puis m'étale sur le verre pilé. On me hurle de mettre les mains dans le dos. Je m'execute. Un flic me passe les menottes et me jette dans sa voiture.
Il n'a pas le temps de redémarrer. Un fourgon nous percute, je me retrouve à nouveau dans une voiture sur le toit, après quelques tonneau. Je glisse un temps infinitésimal dans l'inconscience, les menottes m'empêchant de me tenir. Je vois... La feraille rouillée d'une vieille dodge qui tranche net ma ligne de vie. Je reprend conscience en me disant "Bullshit j'ai jamais cru à toutes ces merdes." Lorsque j'ouvre les yeux, ils sont face à un canon de fusil à pompe de la police, tenu par un latino qui n'a pas l'air très épanoui. Toutes mes pensées laissent alors place à une décharge de chevrotine.

Dimanche 14 juin 2009 à 22:47

Je me traîne jusqu'à un pilier, sous le porche. En tremblant, je sors une cigarette de la poche de ma veste. Puis je prend mon briquet. J'essai de l'allumer. Deux fois. Trois fois. Pas d'étincelle. Le sang empêche la pierre de tourner. Putain non pas ça, pas maintenant. Au moment où je commence à tourner de l'oeil, je vois que la lampe qui m'éclaire est à l'ancienne, vieille lanterne à gaz. Moi qui passe mon temps à pester contre ces merdes de déco d'habitude...
J'arrive à allumer ma clope. Je tire une première bouffée. J'espère que cet enculé ne s'est pas réveillé. Il a voulu faire le boulot proprement hein? Ben ça va être tout sauf propre. Je ris. M'étrangle tout seul. Tire une autre bouffée. Dire que j'ai cru que c'était la police, au début. Avec ces cons, on a le droit à une sommation.
Je me demande comment j'en suis arrivé là. Je pensai ne laisser aucune trace. Alors comment il m'a retrouvé cet enfoiré? Chez moi en plus ! J'essai de visualiser mes derniers coups. Je ne vois rien. Rien qui puisse me faire suspecter ! Et puis après tout, quelle importance désormais? Je tousse, un glaviot de sang explose sur ma manchette. Alors que je me dis "merde, une chemise à 200 euros", je percute qu'elle est déjà trouée par 4 fois et imbibée de sang.
Je tire une troisième latte, en commençant à réaliser que je ne m'en sortirai sûrement pas. Alors que je recrache la fumée en direction de la lanterne, je peux distinctement entendre un "tilt" dans ma tête. La fumée. Cet homme, en imperméable sombre, qui se découpait en ombre chinoise aux fonds des rues quand je rentrai chez moi après une affaire. Il se fumait des clopes en m'observant, et dès que je pensai l'avoir vu et que je me retournai, il n'était plus là. J'avai décidé depuis un bail qu'il n'était que la personnification de ma paranoïa. Sacrée personnalitée, ma paranoïa, pour me perforer les intestins à tel point que je puisse sentir l'odeur de ma propre merde.
Il m'a eu, certes. Sans honneur, sans gloire, par derrière. Je mérite de crever comme ça. Mais lui ne mérite pas de s'en sortir après un meurtre aussi moche, facile et perfide. En tirant ma quatrième barre, je sens que je commence à partir. Le whisky que je buvait avant l'attaque brûle mes plaies. Par deux fois déjà j'ai du me forcer à rouvrir les yeux. Dommage, je l'aurai bien finie cette clope. Je la jette, à moitié fumée, à l'intérieur.
L'essence s'enflamme. Monte les escaliers et entre dans la salle où je garde mon tourne-disques et mes vinyles. Et accessoirement un enfoiré en imper sombre imbibé de sans plomb, assomé avec le manche de son couteau. Ma maison brûle. Je commence à fermer les yeux en me disant "Me dit quelque chose cette phrase". Les paupières mi-closes maintenant, à une larme de whisky des abysses de mon inconscience et des limites de ma vie, un mouvement me fait rouvrir les yeux.
Le mouvement d'un imper sombre porté par le vent. Le mouvement d'un fils de pute qui vérifie si sa cible est bel et bien en train de crever. La colère, puis la pitié envers ma propre situation, me redonnent quelques secondes. Je lui fait signe se s'approcher. Il colle son oreille à ma bouche. "Tu peux me tuer en traître, mais me laisse pas crever à genoux" Il passe son bras autour de mes épaules et me soulève. Je suis maintenant face à lui. Je contemple ma mort dans les yeux. Un éclair attire mon oeil au niveau de son ventre, puis je sens sa lame entrer dans mon coe...

Samedi 6 juin 2009 à 20:46

Ma maison brûle. Je suis perdu chez mes voisins. Une petite fille veut que je lui roule une pelle. Je me réveille en sueur, et passe ma main sur mon visage. Elle en revient noire. Je me dirige vers la salle de bain, en zigzaguant entre les corps. Avant de me rincer, j'admire les oeuvres d'art qui me courent sur le visage et le haut de mon corps. Un niveau de Pac-man orne mes omoplates. Des insanités plus ou moins crades gisent sur mon torse et mes bras. Ce qui était sur mon visage par contre, est illisible compte-tenu du fait que j'y ai passé ma main moite. Pas grave, ils ont du prendre des photos.
La majorité des écrits et dessins s'enlève assez bien, sauf quelques uns. Quelqu'un a du avoir la bonne idée de glisser un marqueur au milieu des feutres. Il me reste "Lick It" avec une flèche sur mon téton gauche, un smiley sur le coude du même côté, et "Unfuckingbelievable", de ma hanche droite à mon nombril. Je vais ensuite à la cuisine. J'y trouve une table sur laquelle il semble difficile de poser ne serait-ce qu'un coude; un type en chemise rose, du genre à se moquer des gens pas dans la norme; et une fille en robe noire, visiblement pas dans la norme et du genre à se foutre totalement des cons en chemise rose.

"Tiens voilà le Monsieur le livre d'or !
-Café?
-Là, sers-toi, c'est elle qui l'a fait.
-Fort?
-J'ai l'air de pas faire mon café noir?"

Je prends une tasse et du sucre, ainsi qu'un Dafalgan. Je sirote mon café face à la fenêtre. Vache, il est bon l'enflure. J'entends chemise rose qui pouffe. Je me tourne vers la fille et lui fait un signe de tête signifiant "Pourquoi il rigole comme une lopette l'autre tarlouze?"

"T'as une bite dessinée dans le bas du dos.
-Rooh mais fallait pas lui dire!!"

Il commence à me les briser celui-là. La demoiselle à l'air d'accord avec moi. Je me nettoie le dos avec un essuie-tout imbibé d'eau, puis je retourne au salon chercher mon tee-shirt dans les décombres en fermant la braguette à boutons de mon jean. Je le retrouve autour d'une fille qui n'a visiblement plus que ça comme fringue, couchée sur un type dont la chemise est ouverte. Par terre, je vois un quatre de pique, un deux de coeur et un vingt de beuh. C'est donc pour ça que tout le monde semble peu vêtu. J'attrape un tee-shirt blanc qui traine sur le dossier d'une chaise, à côté d'une table où sont posées cinq bouteilles de whisky vides, un cd de Dido et un de Norah Jones. C'est donc pour ça que tout le monde semble bien dormir. Je retourne à la cuisine où la demoiselle tente de mettre un peu d'ordre dans le bordel ambiant. J'attrape un sac poubelle et y jette toutes les bouteilles en verre se trouvant sous mes mains. Je vois que d'moiselle en fait autant. Une fois le tour de la baraque fait, elle se tourne vers moi.

"On va mettre ça au recyclage?
-Pourquoi faire?
-Se donner bonne conscience.
-Pourquoi pas."

Direction voiture pendant que Chemise rose commence à faire ce qu'il doit considérer comme "des blagues" aux personnes endormis. Je jette le sac dans le coffre. Elle s'installe côté passager, je mets le contact et Mogwai nous accueille avec "Friend of the Night". Perdu, il est 10h du mat. Je commence à rouler.

"T'écoutes ça toi?
-Ma voiture, oui.
-C'est l'album?
-Une compil.
-Ok.
-Tu t'appelles comment déjà?
-Alysse.
-Alice?
-Alysse. Comme Abysse mais avec un "L""

Oh. Pourquoi pas. Je passe devant un point recyclage sans m'arrêter. Elle ne dit rien. La main par la fenêtre, elle joue avec l'air en rythme. Ses cheveux volent en tout sens sans qu'elle cherche à les recoiffer. Je roule dans un nid-de-poule à force de la regarder. Son maquillage, d'hier, est plutôt fatigué. J'arrive dans la ville d'à côté. Je m'arrête au milieu de la route avec le clignotant, à côté d'un autre point recyclage. Je check la passagère, savoir si celui-ci est à sn goût. Elle lève sa main pour me signifier d'attendre un peu. J'attends un peu. Law prend le relais de Mogwai. Elle me fait un signe de tête en avant, "allez roule". J'enlève le clignotant et repars tout droit. Je roule sans réfléchir.

"T'as envie de rentrer?
-Voir tous ces cons se rhabiller? Non. Et toi?
-... On va voir la mer?
-Pourquoi pas."

Bon. Je prends l'autoroute, pendant que la musique défile. RATM, Archive, Nirvana, Tiersen, DFA1979, QOTSA... Ce qui est bien avec 4,7 Go de musique en mp3, c'est que quand on a tout écouté on peut remettre au début, on redécouvre. Je suis en plein solo de Sleep Now In the Fire lorsqu'elle me demande :

"Qui es-tu?"

De surprise, j'en roule sur la bande d'arrêt d'urgence. Cela fait depuis que j'ai 15 ans que j'ai arrêté de me poser cette question.

"Juste un type. Un spectateur, un branleur. Et toi?
-Je me pose plus la question depuis que j'ai 14 ans.
-Précoce."

Elle me regarde comme si elle avait compris. Ce doit être le cas. Merde. Elle me regarde. Comme si elle avait tout compris. Comme si elle savait tout, mieux que moi. Depuis toujours. Waow. Rrrreeeegggaaaaarrrde la rouuuute ! Je m'arrache de son emprise, "mes neurones rentrent au bercail".

"Hum. T'as faim?
-Ca dépend, t'as quoi?
-Une aire d'autoroute à 800 mètres, et une carte bleue.
-Je prends."

Deux maxi sandwiches, un cherry coke, un paquet de chips, un pot de glace. 12,79 euros. La vache. Enfilés en 15 minutes, et on repart.
On passe un bon moment à se partager le pot de glace, avec un peu plus de conversation sur tout et rien. Elle me raconte des bribes de sa vie, moi de la mienne. On est affreusement banals, elle et moi. Je m'en fous pas mal.
Puis, en même temps, "The dragster-Wave" de Ghinzu explose, elle me tend sa cuillère contenant la toute fin du pot, et on voit la mer. Le silence s'installe, il a un goût choco-brownies et un peu de sa saveur à elle. Je prends la première sortie.
La route est déserte, en bord de mer. Je monte sur la jetée en voiture, et avance jusqu'au bout. Je coupe le moteur, Serj Tankian finira plus tard. Elle descend de la voiture, puis monte sur le toit, jambes sur le pare-brise. Je la rejoins. Ses cheveux battent son front en rythme avec la houle. Elle les remet derrière son oreille. Le ciel est gris, le temps se demande quoi faire.

"Et maintenant?
-J'ai ma petite idée.
-Moi aussi.
-T'es vraiment déjanté tu sais?
-Et encore, tu m'a pas vu déguisé en Superman en train de danser la macarena
-Je demande à voir.
-Tout de suite? J'ai pas de cape.
-On va bien se débrouiller.
-Ton idée c'était quoi?
-La même que la tienne.
-Faut voir ce qu'il y a dans la boîte à gants.
-Je vais voir dans le coffre."

Alors, inventaire : Un carnet de post-its qui ne collent plus, deux médiators et un accordeur, cinq stylos, quatre briquets, douze bouchons en liège, quatre en plastique, deux capsules de bières, trois sachets plastiques, de la patafix et une cuillère de la cantine, pliée en huit. Nickel. Elle revient avec les bouteilles vides. Je lui donne un stylo et un post-it. Elle me sourit. Nous écrivons. Des paroles de chansons, des textes. Des pensées. "It's just a ride", le speech de Bill Hicks, me prend sept post-it. "The world is like a ride at an amusement park". Elle ne connaissait pas. "Don't worry, don't be afraid ever, Because it's just a ride!". On met un post-it chacun par bouteille sans regarder, on rebouche et on scelle avec la patafix. Dix-neufs bouteilles vides. Réminiscences d'une jeunesse, d'une soirée, d'un monde, d'un moment intemporel, d'un voyage, d'une folie, d'une bonne grosse cuite. On se lève, on se regarde. Echange silencieux.

"Prête?
-Oui
-Un... Deux..."

Les bouteilles tournent, puis amerrissent sans que le bruit soit repérable au milieu du fracas des vagues. On en jette neuf chacun. Dix-huit plouf invisibles. Un monde à la mer! Il n'en reste qu'une. Je la rouvre, et sors les deux feuilles. Je lui en donne une. Elle la déplie et ris. Puis elle me lit le mot que j'ai écrit un instant plus tôt: "J'espère que tu as oublié que je dois faire superman qui danse la macarena". Je lui souris et ouvre le mien. "Maintenant qu'il est vide, tu peux prendre le sac comme cape". Arg. Une lueur de défi brille dans son regard.

"Comment veux-tu que je reconnaisse Superman si tu n'as qu'une cape comme déguisement?
-Retournes-toi, triches pas."

Elle s'exécute. Putain ce qu'il faut pas faire. "Ok c'est bon!" Lorsqu'elle se retourne à nouveau, je me sens pas peu fier de mon idée. Le torse bombé, tourné vers la mer qui fait voler le sac poubelle attaché à mon cou, j'arbore avec magnificence mon caleçon par dessus mon jean.

"Ok pas mal, j'avoue que c'est ressemblant.
-Y'a intérêt!
-Et la macarena?
-T'es redoutable..."

Hey Macarena! Un quart de tour. Hey, Macarena! Le vent m'envoie ma cape dans la gueule. Elle explose de rire puis, dans son infinie bonté, viens m'aider à pas crever dans un sac poubelle. Elle réussi à dégager ma tête. On se retrouve face à face, nos mains se touchent au travers du plastique. Je ne peux pas m'empêcher de penser "ça c'est de la capote!". Romantique. Elle se met à ma hauteur puis dépose un baiser comme on pose un pansement, quelque part entre ma joue et ma bouche. "Parce que tu m'as pas fait le coup de la panne." Puis elle va s'assoir au bout de la jetée, pendant que j'essaie de percuter. Je me débarrasse du sac, et attrape ma guitare dans le coffre. "Je t'ai fait le coup du guitariste?" Je plaque deux accords puis nous grimaçons en coeur.

"Ca te dirais de me faire le coup du guitariste qui accorde sa guitare?
-J'allais te le proposer."

J'accorde. Je joue. N'importe quoi, n'importe comment. Elle écoute. Le soleil se couche. Elle va chercher des bouteilles dans le coffre et les remplis avec plus ou moins d'eau de mer. Elle cherche la bonne dose pendant un bon moment. Quand elle l'a trouvée elle commence à jouer. Je reconnais "Ballade en forêt" de Tryo et l'accompagne."Eh, j'crois qu'j'ai b'soin d'un peu d'air frais..."
D'ailleurs ça commence à cailler.

"On rentre?
-Une autre alternative?
-Acheter un motel dans le New-Jersey, mais ce matin j'avais environ 13 euros sur mon compte en banque donc ça va être chaud.
-Tant pis."

On remonte dans la caisse, elle me tend la fin du cherry coke. Je le fini, puis je redémarre, reprend l'autoroute. Il fait nuit, l'ambiance est orageuse. Je me sens déjà nostalgique de ce moment. On a sauté un repas, j'ai même pas faim. L'autoroute est droite jusqu'à l'horizon, et vide. Je coupe les feux. Noir complet. Aux abysses, avec elle, comme Abysse avec un L. Tu parle d'un pays des merveilles. Plus de soleil. Pas sommeil. Mes pensées moroses sont stoppées net par la sensation de deux lèvres qui me heurtent maladroitement la joue comme un papillon de nuit sur une ampoule. Une fois. "Pour toi". Deux fois. "Pour moi". Trois fois. "Pour la route". Je suis sonné. Je suis rappelé à l'ordre par la voiture qui vibre en roulant sur la bande blanche accolée à l'autoroute. Je rallume mes phares. Miss Alysse glisse aux abysses. Je rallume mes phrases. Il m'inspire ce prénom on dirait.
Je roule toute la nuit. Elle dort. Quand je fais le plein. Encore quand je sors de l'autoroute. Puis quand je retourne au point de départ. C'est encore la fête sur place. Je la porte hors de la voiture. Elle ne bronche pas. Je rentre dans la maison et la pose sur un lit. Je lui mets une couverture et lui rend ses quatre baisers. Puis je ressors de la chambre en soupirant.


"Hey livre d'or, qu'est ce que tu branles avec ton caleçon par-dessus ton fute?"

Jeudi 4 juin 2009 à 13:53

Je tiens ma gueule de blasé en tirant sur ma clope, malgré la dextérité de mon conducteur à 140 dans un petit village. Une vieille noctambule tapote sa tempe avec son index alors qu'on sort d'un virage en drift. Je lui hurle un gros « TA MERE » bien granuleux, puis elle me tend son majeur. Bonsoir chez toi, mamie.

« Tire pas la gueule. J'te dit qu'on va bien déconner à cette soirée.
-Ouais ouais... Regarde la route. »

On va bien déconner, c'est ça. Je le connais pas ce Michael, mais je sais déjà à quoi m'attendre. Un vieil ado frisant la trentaine mais faisant tout pour rester cool. Puis je réalise que c'est également notre situation. Ce qui m'exaspère encore plus.

Arrivé sur place, ce cher Michael n'est déjà plus en état de faire attention à nous. Faut dire que nous avons l'impolitesse de nous pointer à l'heure avancée de 25h99. Putain de portable. On sort d'un ciné, séance de 20h30, il doit donc être vers les 23h si on prend en compte le trajet.
Enfin bref, notre hôte bien aimé est actuellement dans sa cuisine en train de faire une synthèse complète avec arguments béton, pour expliquer à un type endormi dans un bol de saké pourquoi il vaut mieux prendre un billet de banque roulé snnnniirrrfffllll qu'une paille aaahh bordel de merde. Je chope le type endormi par le col et je le soulève pour voir s'il respire. Ce n'est pas le cas. Commence bien cette soirée.
Je l'allonge et entreprend un bouche à bouche. Pas le temps de faire deux insufflations que je me prend une grosse salve de saké dans la gueule. Je lui allonge une grosse tarte par réflexe, il se rendort. Mais il respire. Je peux prendre une bière dans le frigo en toute bonne conscience. Michael, dans un petit pull rayé avec sa grosse ceinture D&G, se refait un rail en souriant distraitement. Je me tourne vers mon conducteur d'un air de « j'te l'avais bien dis. »

« Ben quoi? Ça peut arriver à tout le monde nan?
-Laisse tomber. » Abandonnai-je en lui jetant une bière.

Puis je me dirige vers la source de musique. Qui aurait cru que dans la maison de notre grand ami en ceinture Dolce Banana règnerai « Just Got To Be » des Black Keys? Mais je comprends bien vite ce choix musical en entrant dans le salon. Je devine à peine la place de l'ordinateur dans la brume ambiante, par la lueur tremblotante au fond de la pièce. Quelques clubbers sont à une table et jouent au poker, en maugréant devant l'absence de leur hôte qui leur aurait sûrement mi une musique plus à leur goût. Les canapés sont occupés par des gens beaucoup plus avenants. J'en vois quatre avec des dread. Ils font tourner deux gros joke. Je m'assois en tailleur entre deux canapés.

« Bonsoir m'sieur dames.
-Salut grand. Tu fais quoi de beau?
-J'ai entendu la zik, alors j'rapplique.
-Ah ouais tiens c'est vrai ça, qui c'est qui a viré Birdy Nam Nam? »
Une voix à lunettes s'élève alors de l'ordi.
« Je l'ai pas enlevé, c'était fini. J'ai branché mon mp3.
-Laisse ça vieux, ça me vas! »

J'ai attendu le pet' en écoutant les conversations autour de moi. « Babylone » « marginalisation » « Enfoirés de capitalistes » « retour aux sources »... Je suis resté posé là un petit moment, en faisant tourner. Leurs discutions me font rire. Ils sont encore pleins d'illusions. L'URSS? CCCP? Goulag? Mais ça marchait très bien tout ça! Connards d'américains qui ont tout fait foirer !
Alors que je suis en train de me décider à me lever, je réalise que j'entends une musique que je ne connais pas. Je me retourne pour demander le nom du groupe au binoclard et je me rends compte 1: qu'il est endormi, une clope allumée à la bouche 2: qu'il redescend de beaucoup la moyenne d'âge. Bon, ça va, la vingtaine ne doit pas être loin, mais je ne comprends pas ce qu'il fout dans ce genre de fête. Je lui prends sa clope au bec avant qu'elle ne lui enflamme son tee shirt. Je prends également son paquet de Drum pour m'en rouler une. J'entends alors dans mon dos

« C'est à moi ça.
-Excuse-moi, je pensai que vu que je viens d'éviter un incendie et plusieurs morts, je méritais de m'en rouler une.
-Toutes mes confuses, je te laisse à ce noble art qu'est le roulage. Y'a des filtres si tu veux. »

En effet. J'en prend un et en file un au propriétaire du paquet de tabac, un roux pas plus vieux que monsieur mp3. Je me roule ma clope pendant que les enceintes beuglent « looking for crosses, chaka chaka » puis sors la fumer hors de cet aqua, en passant par la case bière, où Michael se trompe de farine pour faire son gâteau.
J'entends des bruits en haut des escaliers, au moment où je jette un oeil un type torse-nu sort d'une chambre avec une caméra et une bouteille de tekila, en rigolant. Il jette « garde les bien au chaud, jvais voir où ils en sont dans l'autre chambre » Ah, l'insouciante jeunesse.
Je m'installe sur la table de jardin où il n'y a personne à part quelques cadavres. Il est 27h79, soit près de 2h du matin, et je vois déjà quelqu'un qui s'en va, en bourrinant dans sa C2. Je prend quelques chips, ramollis par l'humidité. Et j'aperçois un bon gros buvard représentant Jimi. Prédécoupé et tout ce qu'il faut. Je détache l'oeil du dieu de la gratte et renifle. Pourquoi pas. Me voilà en train de mâcher un toncar d'acide, une clope sur l'oreille et une bière sur la table. Il paraît que ça modifie la personnalité, le LSD. On va bien voir.

 

J'attends là, les yeux sur le ciel. Le vent fait hululer ma bière. Une femme enceinte vomi dans le caniveau, pendant qu'un type qui a oublié d'enlever la ceinture qui serre son bras rigole.
Mon rythme cardiaque s'accélère.
Impossible à mes yeux de faire la mise au point.
J'attrape la clope résidant sur mon oreille. Elle m'échappe. J'en rigole. Je la rattrape et je l'allume. C'est là que j'ai décollé.
J'ai senti ma vision s'arracher de mes yeux et partir vers la maison. Traverser la porte.
J'étais assis comme une loque sur une chaise de jardin mais je voyais ce qui se passait à l'intérieur de la baraque.
Dans le four, le gâteau de Michael est une pâte qui ne ressemble à rien, en ébullition visqueuse qui caramélise sur les résistances chauffé au rouge. Le noyé, toujours couché par terre essai de sniffer dans cette position, ce qui n'est guère pratique.
Dans le salon, la moitié des dreadeux s'est endormit pendant que l'autre moitié soit environ quatre personnes, joue à dead or alive sur xbox 360. Le roux a réveillé le mec au pc, et ils jouent des clopes des chips des m&m's de la musique et le prochain à monter à l'étage au poker avec les quelques clubbers présents et mon chauffeur.
A l'étage, justement, le type avec la caméra à réuni les participants des deux chambres dans la plus grande. Une fille qui fumait tout à l'heure à maintenant autre chose qu'une clope en bouche. Avec elle et le propriétaire du membre, il y a en tout quatre mec et trois filles. Un par péché.
D'un seul coup, j'ai réintégré mon corps. Les yeux écarquillés, je tremble de partout. J'attends que ça se calme, je soupire en m'étonnant que ça fasse sortir de la fumée de cigarette de ma bouche. Tout ça n'a duré que le temps d'une expiration? C'est alors que je vois que je ne fumais plus que le filtre de ma clope. Je jette mon mégot et souffle sur mes doigts.
Les croyants voient Jésus, certains voient des monstres, d'autres ont des hallucinations totalement abstraites. Je suis resté dans ma réalité. Je n'ai rien vu d'autre que la vérité. Même le LSD ne peut changer une personnalité qui n'existe pas. Je suis maintenant encore plus convaincu qu'il n'existe Rien, nulle part. Rien que quelques animaux livrés à eux mêmes sur un caillou qui tourne. Je fini ma bière cul sec, puis je monte au premier étage en commençant à enlever ma ceinture.


Vendredi 29 mai 2009 à 14:40

Tout ça me faisait chier. Les soi-disant discutions, chercher des solutions, je sais pas quoi d'autre. Je les écoute même pas parler. Je vais mal, c'est mon problème, vous êtes pas obligés d'en faire le votre. Ça va s'arranger. Ou pas. C'est sur cette magnifique déclaration puérile que j'ai ouvert la fenêtre afin d'aller m'en griller une, en maugréant. Je me suis assis au bord du toit pour me foutre de la gueule des passants du haut de mes quatre ou cinq étages. Oui, parce qu'en dessous de ma fenêtre, j'ai le toit. Vive les apparts du siècle dernier. Les voitures ne peuvent pas me voir. Les piétons ne lèvent pas la tête.
Sauf à ce moment là, un petit garçon qui faisait des bulles, après avoir semé sa mère. Il essayait d'observer ses bulles monter, avec sa main sur son front pour pas avoir le soleil dans les yeux. Il m'a vu et m'a fait un signe, puis m'a montré quelque chose dans le ciel. Ses bulles, quoi d'autre.
Pourquoi pas. Je tends la main, et libère une expiration de sa prison savonneuse. Un souffle d'enfant, translaté à une vingtaine de mètres du sol. En éteignant ma clope. Petit con. Je l'ai rallumée. Puis j'ai tendu l'autre bras, continuant mon boulot de libérateur de CO2. De plus en plus loin. Le vent a compris mon entreprise et décide de me faire chier un peu. Il m'aura pas l'enfoiré. J'ai levé la tête pour apercevoir d'autres bulles à ma portée.
Le vertige s'est emparé de mon estomac et l'a essoré dans tout les sens. Des colonies de termites géantes me grimpent le long des bras. Atteignent la main avec laquelle je me retenais. Le toit se dérobe. Mes ongles griffent la tôle. Puis la chute. C'est court, vingt mètres. D'abord, une envie de rire. C'est vrai, c'est trop con ! Puis l'angoisse. Pas devant l'inconnu, non. Ce que je me disais, c'était "Non, pas comme ça". Puis je me suis dit que tiens, je n'ai même pas pensé à Dieu. Ce qui fait que j'y ai pensé, vous suivez? J'étais à deux mètres du sol, et l'ironie de cette idée me fit sourire. J'attendais le bitume. Il ne vint pas. En revanche, une Mercedes me rattrapa à bras ouvert, à un mètre du sol. Mon dos s'enfonçât dans le toit, ce que ma nuque n'appréciât que très modérément étant donné qu'elle a été stoppée par les barres de toit. J'ai senti mon cou craquer, ma dernière pensée fut "Foutu skieur".



***

Je me réveille. Je panique en essayant de me souvenir de la veille. Rien. C’est quoi ce bordel, j’suis dans une série où un scénariste à cours d’inspiration ressort le coup de l’amnésie ? Des souvenirs affluent alors. Des bulles de savon. De la fumée de cigarette, et des bulles de savon. Je re-sombre.

A mon deuxième réveil je perçois ce qui m’entoure. Du moins je me rends compte que quelque chose m’entoure. Quelle surprise ! Un hôpital. Ha ha ! Et quel hôpital ! Sculptures 3D au plafond, test de Rorschach sur les murs, fenêtres en ébullition… C’est quoi leur dose de calmant ? Je m’extirpe de ma semi-inconscience, et trois idées s’imposent : comment vont l’enfant-bulle et le conducteur de la Mercedes ? Est-ce que quelqu’un me croira quand je dirais que c’était accidentel ? Et pourquoi j’arrive pas à bouger bordel ? Ça commence à m’obséder. Vous savez, la sensation quand vous êtes emprisonnés dans le sable ? On a beau bander tous ses muscles au maximum ça change rien. Ben ça c’est pire. Parce que je peux même pas bander mes muscles. Le craquement de mon cou sonne à nouveau dans ma tête. Même pas dans ma tête. Seulement dans mon cerveau.

Après un temps indéfinissable de cogitations, une infirmière arrive. Du genre matrone. Elle me dit que je suis resté inconscient pratiquement trois semaines (« deux semaines et cinq jours », ça fait un jour par mètre, ha ha) Puis elle m’explique que je suis un putain de légume. Que je ne pourrai plus jamais bouger aucun de mes putains de membres. Qu’il faudra quelqu’un pour nettoyer mon putain de cul. Ce qu’elle est venu faire d’ailleurs. C’est pas vrai ? Et elle évite de me regarder. Tant mieux salope. Salope t’entends ? Espèce de grosse Salope de Merde !! C’est une putain de blague ? MERDE ! « Je suis désolée » ajoute-t-elle devant mes yeux embués. Manquait plus que ça. Grognasse. J’ai envie d’exploser. D’imploser. De faire tout péter bordel ! Et l’impuissance, l’impuissance, mon impuissance, au dessus de tout, qui ne peut même plus m’assener d’uppercut dans l’estomac puisque je ne le sens plus.

Alors je laisse Salope me laver. Comme si j’avais le choix. L’impuissance et l’humiliation. J’essai de retomber dans l’inconscience, mais pas moyen. Aller, vit ça jusqu’au bout connard ! J'attend qu'elle me place sur le ventre pour commencer à sangloter. Je ne sens même pas mes larmes, si larmes il y a. On ne peut pas appeler ça « sangloter », le respirateur reste d'une précision métronomique, aucune sacade en forme de sanglot. Pathétique.
« Si vous avez besoin de moi... euh... » j'appuie sur le bouton connasse? Elle se barre en rougissant de honte. Cette scéance de lavage, coupée à ma perf, m'a tué. Je m'endors en un rien de temps.

Je suis réveillé par un pas que je ne connais que trop. Les voila. Les intelligents. Les rationnels. J’entends d’ici leur discours. Quelle merde. Et ils vont pas s’en priver.
« Tu sais, si t’étais aussi mal que ça il fallait le dire. On aurait pu t’aider, encore mieux qu’on a essayé de le faire. »
Ça c’est celle qui y croit. Tiens, l’autre ouvre la bouche, on va rigoler.
« C’est con, t’as loupé celle là. Maintenant tu pourra même plus réessayer. »
Vous me voyez en train de lui dire que j’ai glissé parce que j’explosai des bulles de savon ? Je veux dire, même si je pouvais parler… La question se pose pas, puisque je peux pas. Les voila qui se tournent vers le médecin.
«  Vous êtes sûr qu'il est entièrement conscient? Il m'a l'air un peu... Abruti par tout ce que vous lui donnez. » C'est pas parce que tu chuchotes qu'on est pas dans la même pièce! Dis moi plutôt ce que sont devenus les deux autres!
« On ne sait pas tout à fait dans quel état de conscience il est, toujours est-il que nous sommes quasiment certain qu'il peut nous entendre. 
-Très bien. Écoute, nous avons emmené le médecin qui s'occupe de ton affaire avec nous euh... Il va te dire ce qui s'est passé. » Parce que t'as pas les couilles de le faire toi-même? Putain ça sens mauvais...

« Hum, voilà. En tombant vous avez complètement enfoncé le crâne du conducteur. Sa nuque s'est brisée, net et totalement, contrairement à vous. Il est mort sur le coup. En s'affaissant sur le volant il est... Monté sur le trottoir et a renversé deux personnes. Le première est une jeune femme, elle n'a pas de séquelles physique grave. En revanche, le fils de cette dame est mort, plutôt salement, écrasée entre le poteau et la voiture qui...
-S'il vous plaît docteur, évitez ce genre de détails.
-Excusez-moi, je viens de faire le rapport de police vous savez comme ils sont... Enfin bref, vous êtes accusé de mis en danger de soi et d'autrui, mais surtout de deux homicides involontaires... »

Je n'écoute pas la suite. C'est donc ça. Je ne suis plus qu'un tétraplègique, meutrier par deux fois. Suicidaire, en plus. Dans notre beau pays, où on n'a même plus le droit de débrancher un légume. Tout un programme. Je ferme les yeux.

 

Lorsque je les rouvre, je suis sur ma fenêtre. J'ai du savon sur les doigts. Il a la texture du sang. Ma tête, tournée vers le peu de nuages présents, tourne à toute vitesse. Des colonies de termites géantes me grimpent le long des bras. Atteignent la main avec laquelle je me retenais. Le toit se dérobe. Mes ongles griffent la tôle. J'aperçois une Mercedes avec des barres de toit qui descend ma rue.

Foutu Skieur.

 

 

 

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